Dans les rapides -Maylis de Kerangal (entre *** et ****)

Dans les rapides est une œuvre très intéressante de Maylis de Kerangal, qui ose ici une prose saccadée, à la forme de paroles de chansons rock (ce qu'incarne le trio des trois jeunes filles - Nina, Lise et la narratrice, Blondie, dont le surnom est un hommage à la chanteuse Debbie Harry du groupe de rock éponyme - trio donc de jeunes femmes dont nous suivons l'ascension ou du moins l'évolution). Le style employé par l'autrice est à la fois très travaillé (chaque mot est posé) mais peut être exigeant aussi à lire. Parce que les expressions se suivent, se répondent mais pas toujours selon le leitmotiv sujet-verbe-complément. Cette cohorte donne un rythme de diction rapide (comme le titre), une prose adolescente, une prose toutefois imprégnée de l'univers musical qu'elle traverse. Chaque court chapitre débute par un titre de chanson, l'album s'y référant et éventuellement le nom de l'interprète. 


Dans les rapides, Maylis de Kerangal rend hommage aux chanteuses pop et rock de la fin des années 1970 (Debbie Harry, Kate Bush...), icônes modélisantes, séduisantes et précurseuses pour adolescentes inspirées. Dans ce roman, elle décrit une époque musicale révolue, à la fois destroy et profondément libre, innovante et musicalement essentielle (toujours pérenne). J'ai aimé découvrir le trio de petites nanas qui se cherchent, qui visent l'Amérique et débutent l'organisation, qui tentent l'aviron sans franc succès. À travers ce récit, Maylis de Kerangal aborde les premiers émois amoureux, les premiers rêves et montre aussi à quel point une époque fédère et marque les âmes (on retrouve l'ambiance de Noël en février de Sylvia Hansel). Cette lecture confirme qu'on est indubitablement rattaché à son enfance et à son adolescence elles deux empreintes à un monde musical incarné. Il n'y a pas d'ailleurs jamais de meilleure époque musicale que celle qu'on vit à ces âges, parce que chaque morceau est associé à un souvenir, à une émotion qui forme, qui construit l'adulte en devenir.

J'ai bien aimé Dans les rapides, mais j'avoue mon manque d'objectivité concernant Maylis de Kerangal : c'est une autrice dont j'affectionne l'écriture, la diversité des registres et des univers qu'elle explore. C'est une écrivaine qui ne cherche jamais la facilité et qui ne se limite pas à une façon d'écrire. Elle prend des risques et à chaque fois, je succombe. Mais je reconnais une chose : Dans les rapides exige une bonne attention et une bonne concentration de par la construction littéraire employée. Je loue en tout cas la richesse culturelle musicalement parlant que ce petit roman propose en si peu de pages *. C'est top (50... désolée, il fallait que je le fasse !)

Éditions Folio

* : autour de 110 pages dans cette édition

 de la même autrice : Canoës , Corniche Kennedy, Naissance d'un pont , Réparer les vivants , Tangente vers l'est , Un chemin de tables

 

2 commentaires:

  1. Je crois que je n'ai lu d'elle que Corniche Kennedy. Il faudrait que je retente.

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  2. Une auteure que je lis avec intérêt, mais je dois noter!

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