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Dominium Mundi (Livre I)- François Baranger **** et Prix Biblioblog 2014

Honnêtement, c'est le livre du prix Biblioblog 2014 qui m'a le plus accrochée (avec Sang d'encre) et pourtant je ne lui ai mis que quatre étoiles car il possède un défaut inexcusable : un trop plein de fautes syntaxiques et grammaticales (repérables après relecture sérieuse) ! C'est tout et c'est regrettable. Je sais que les maisons d'édition ont du mal à vivre en ce moment, que les temps sont durs pour elles, mais il est certain que certaines compressions de postes (en particulier sur les relectures) engendrent une moins bonne qualité du rendu (c'est vrai aussi concernant la presse écrite, où fleurissent maintenant des fautes de français aussi grosses que mon nez, c'est dire !). Alors quand je lis « il du », là mon cœur s'arrête un peu (et c'est mauvais pour la tachycarde que je fus).

Ravagée par des guerres intestines et religieuses, la Terre a connu un vrai retour en arrière moyenâgeux avec cette dualité étonnante : connaissances technologiques du futur et servitude du passé. Urbain IX, pape vaticanais, a lancé une véritable croisade vers la planète Akya, histoire de prendre un peu d'air et de conquérir de nouveaux territoires (ou bien pour d'autres raisons non avouables et non avouées dans ce tome). Pour préparer au mieux sa quête, il a armé un vaisseau, le Saint-Michel, qui à lui seul vaut un pays, en embarquant la fine fleur des troupes militaires les plus affûtées (dont les Méta-guerriers) et d'autres un peu moins motivés, les enrôlés de force (les inermes). Le trajet qui se présente comme une balade sans débordements majeurs (entrainements des troupes, combats d'équipes, chipotages en haut lieu et disputes du leadership) va subir la présence pour le moins pénible du Foudroyeur, super soldat suisse qui a perdu un peu les pédales.

Voilà, Dominium Mundi (livre I) fut le dernier livre lu de la sélection Biblioblog 2014. Une très bonne SF pour finir en beauté.  
François Baranger, artiste touche-à-tout, se lance dans ce grand projet que représente la fresque du Dominium Mundi. Il y a consacré dix ans de sa vie et clairement son écrit s'en ressent : ne laissant rien au hasard, il élabore un univers complètement imaginaire en le décrivant scrupuleusement. Et le lecteur ne peut que s'immerger totalement. Bravo pour les descriptions des épreuves très réalistes qu'endurent l'équipe de Tancrède de Tarente (un Méta-guerrier, un des héros de l'histoire) et la charmante Clorinda di Severo. Les personnages sont parfaitement profilés : autour de Tancrède un peu déboussolé par les forfaits de Robert de Montgomery, les frères flamands Liétaud et Engilbert, l'inerme Albéric Villejust, Viviane et Clorinde naviguent à vue en tentant d'échapper vainement à la Legio Sancta (milice romaine) et à cette ombre sans visage qu'est le Foudroyeur.

Rien n'est épargné aux héros : guerre de l'information (et de la désinformation), lutte de pouvoir, amour et trahison, désespoir, quête de la vérité et disgrâce ! Dominium Mundi (Tome 1) reste un excellent pageturner, idéal pour l'été et pour tout moment de la vie. Je me suis éclatée à le découvrir et je n'ai pas vu le temps passer (malgré son nombre impressionnant de pages - et vous connaissez mon goût pour les pavés !) : une vraie gageure de ma part, surtout que je ne suis absolument pas experte en SF (même si je ne refuse jamais ce type de littérature, partant du principe qu'il vaut mieux lire un excellent SF qu'un piètre roman). Je reste impressionnée par la technique (celle de coller au poème du XVIème siècle La Jérusalem délivrée de Le Tasse, sans le trahir) et la maîtrise narrative de l'auteur : François Baranger nous tient en haleine tout le long de ce premier ouvrage sans rien dévoiler sur ce qui attend les héros à Akya, ni le pourquoi du comment de la manœuvre : d'ailleurs la quatrième de couverture du tome I donne plus d'informations que le contenu dudit livre (un comble, non ?). Il me tarde de lire la suite !!! (c'est ballot)
prix_2014b2d.png
Éditions Critic (591 pages consacrées au texte : oui, vous avez bien lu !)

Lu dans le cadre du prix Biblioblog 2014.
Exemplaire emprunté à Yohan (Biblioblog)





avis : Blackwolf, Coeurdechene, Kissifrot (s'y pique : oui, je suis en grande forme), Dominique, Lune

AND THE WINNER IS 

http://jemelivre.blogspot.fr/2014/06/le-peintre-deventail-hubbert-haddad.html
Prix Biblioblog 2014 : bravo à l'auteur qui remporte cette semaine deux très beaux prix de lecteurs (celui du Biblioblog et celui de Océans France Ô)

Efroyabl Ange1 - Iain M. Banks ****


Quatre personnages, une mission : apporter la bonne parole ! Parce que l'époque urge. La menace de la Dévoration (période glaciaire) approche, le Chaos maîtrisé n'y peut rien et le gouvernement semble s'y complaire, prétextant l'existence d'un chemin pour une infime partie des nantis. Heureusement pour le bien de l'Humanité, la splendide Asura souvent dénudée, un capitaine (le comte Alandre Sessine VII) qui n'arrête pas de mourir, une scientifique (Gadfium) qui sent bien les mensonges environnants et enfin un petit garçon au langage exceptionnel, Bascule, très attaché à sa fourmi Ergates vont former une équipe d'enfer et quelque peu brinquebalante. Yeah !

Bon, un retour en SF pour moi et honnêtement, j'ai passé quatre cinquièmes du livre à ne rien mais fichtrement rien comprendre de l'intrigue. Soit je suis trop novice, soit c'était voulu par Iain M.Banks : mon orgueil penche pour la deuxième version. Mais le pire est que j'ai lu entièrement ce livre et que j'ai même apprécié de ne pas tout suivre ! Plusieurs raisons justifient ma tenacité :
1) l'auteur sait tenir en haleine son lectorat : il a créé un univers fabuleux (quoique pas très gai, il faut le reconnaître, où les gypaètes tiennent une place conséquente) qui part dans tous les sens mais reste remarquablement maîtrisé. Les personnages sont parfaitement reconnaissables, Bascule restant mon préféré (cf le 2), une atmosphère lunaire, des rebondissements et des trahisons ponctuent l'intrigue.

2) ce livre mérite d'être lu d'abord pour sa qualité lexicale : Bascule écrit comme il parle c'est-à-dire de façon phonétique. Iain M. Banks et la traductrice française très inspirée, Anne-Sylvie Homassel, ont construit leur propre langue (avec des règles, des mots courants, une grammaire unique) et cette prouesse mérite l'encensement. Lorsque Bascule est apparu la première fois dans le récit, telle une feignasse, je me suis dit « chouette, je vais zapper quelques pages parce que ce n'est pas compréhensible ! » mais en y regardant de plus près (et surtout en pensant à l'auteur qui ne s'est pas décarcassé pour rien à créer ce personnage) , j'ai constaté que tout se lisait, tout était clair (et surtout m'incitait à ralentir ma vitesse de lecture, qui n'est déjà guère rapide). Et franchement, traduire Bascule fut réjouissant. Voici un exemple (la fameuse introduction du petit garçon) :
« Jöm sui lvé. Jöm suis abiyé. Jè pti déjöné. Jè kozé a Ergates la fourmi. Emdi:
   Sé joursi pour vou jönn mètr Bascule sé boulo boulo boulo, a kan lé vakans ?
   Sa, jluidi, sé klèr.
   & sét 1si kon adésidé dalé voir Mr Zoliparia dan l'orbit de la gargouille Rosbrith...»

Il faut bien le reconnaître, très peu de livres proposent une reconstruction idiomatique en assurant une intrigue bien menée et intelligente. Iain M.Banks a positionné son Efroyabl Ange1 (effroyable engin) au rang de classique de la SF : chapeau, l'artiste !

Traduction exceptionnelle de Anne-Sylvie Homassel.
Éditions L'oeil d'or

Un énorme merci à Libfly et aux éditions L'oeil d'or pour l'envoi de ce SP.

Comme promis, je transmets et offre cet exemplaire à mon amie S. : je sais qu'il est en de bonnes mains !

et un de plus pour les challenges de Piplo, d'Adalana et d'Asphodèle (prix British Science Fiction 1994)
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