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Une femme sauvage - Pascal Dessaint ****

Une femme sauvage décrit l'itinéraire de Pascal Dessaint dans la région des Cévennes à la recherche de Clara, une jeune femme qui a décidé de quitter le monde et de se réfugier dans la forêt pendant 15 ans. Avec délicatesse et pudeur, l'auteur tente de dresser le portrait d'une femme libre et décalée. Sa recherche l'amène à moult réflexions sur le monde contemporain, celui des petites cachoteries et des belles générosités, celui du silence et des non-dits, celui qui isole ceux qui répondent moins à la norme. Pascal Dessaint prend le temps de l'enquête de voisinage, d'admirer la faune et la flore locales, de s'imprégner de l'univers de Clara sans espoir de l'apercevoir, de rêver aux mystères et aux sorcières. 

Une femme sauvage est un très joli récit, poignant sur une femme en décalage, empreinte d'écologie et de sauvegarde naturelle, dont la survie fut synonyme de méfaits et d'emprunts, régulièrement tolérés par la population locale. Pascal Dessaint nous la raconte, quitte parfois à se mettre lui-même à nu, comme si cette quête lui permet de se retrouver et d'éclore les nombreux et très douloureux deuils de famille.

Éditions Salamandre

Lu dans la cadre d'une Masse critique Babelio en partenariat avec les éditions Salamandre : je les remercie de cette proposition de lecture instructive. 

autre avis : Cathulu,

Du même auteur : Quelques pas de solitude

Ils ne sont pour rien dans mes larmes - Olivia Rosenthal ***

Ma copine A-L, très inquiète de me savoir sans lecture (une situation impensable) et toujours en quête de surprise et d'émerveillement, m'a de suite lancé le petit dernier d'Olivia Rosenthal en me précisant « tu verras, c'est génial ».
Verdict : bien mais sans plus (que m'arrive-t-il ?).
Je vais toutefois nuancer mon résumé succinct. D'abord un titre magnifique, certaines phrases écrites restent des perles, une collection que j'apprécie beaucoup mais je n'ai pas su être émue par les textes, peu m'ont touchée. 
Il s'agit de quatorze témoignages relativement courts montrant l'implication forte d'un film sur la vie du narrateur/de la narratrice. L'idée intelligente de ce projet ne me semble pas complètement aboutie. Bien sûr, on peut penser que le peu de pages contenues dans chaque récit empêche l'imprégnation totale de la lectrice que je suis. Mais dans ce cas, je rétorque : faux, Régis Jauffret avec son grandiose Microfictions a brillamment réussi l'exercice. Mon manque de culture cinématographique a concouru certainement à ce détachement certain. Cette lecture ne m'a pas motivée plus que cela à visionner les films en question. Peut-être que j'attendais davantage de profondeur dans les récits souvent plats, de nuance dans les propos, une plus grande corrélation entre l'existence des héros et leur filmographie préférée. Pourtant, ce recueil avait tout pour me plaire avec les thèmes abordés : vertige et sororité, éducation, mémoire de la Shoah, amour, amitié, liberté, liens familiaux etc. Aussi, pour vous donner envie de le découvrir, je vous laisse ces quelques phrases qui le défendront mieux que moi :
page 140 : « Ils ne sont pour rien dans mes larmes » 
page 80 : « On devient éducatrice pour soigner rétrospectivement ses propres douleurs d'enfant »
page 81 : « On devient éducatrice parce qu'on devine que mettre un enfant au monde ne donne pas nécessairement accès à l'amour maternel»
page 72 : « Parfois on collectionne ses rêves pour ne pas qu'ils se brisent»
page 55 : « On peut vivre par procuration des choses incroyablement douloureuses »
page 62 : « Le cinéma permet d'accorder de l'importance à des choses sans chair, sans odeur, sans goût, il privilégie les fantômes ». etc.

Collection «minimales» - Éditions Verticales

emprunté à la biblio

Cinq fragments du désert - Rachid Boudjedra ****

Cinq fragments du désert représente cinq morceaux écrits narrant cette longue plage de sable immuable, indécoupable, indéfinissable. On la respire et la découvre avec sa faune, on la feuillette dans ses moments nocturnes et diurnes. Milieu hostile, milieu aride mais profondément vivant, tantôt silencieux, tantôt secoué par l'arrivée de 4*4 rugissants et sonores.   
Hymne au Sahara, Cinq fragments du désert se compose de cinq descriptions et définitions (même si la tâche s'avère difficile) toutes lancées par des citations de Saint John Perse ; s'en suit un texte court, au phrasé rapide et haletant (beaucoup de groupes nominaux, peu de verbes, comme si le désert nécessitait une attente et une attention particulières du lecteur) et bien sûr, les illustrations magnifiques de Rachid Koraïchi (ici une mosquée, là des dunes, enfin un oiseau magique et des signes arabes). A l'instar des cinq sens, chaque fragment rappelle un désert bien réel palpable, humectable, odorant, ne laissait aucun de ses hôtes indifférents. Jolie réussite visuelle, ce livre se scinde en deux parties parfaitement symétriques : l'écrit français et l'écrit arabe. Toutefois comme pour ne pas laisser le lecteur passif, subsistent quelques moments de dissonance mathématique (certains dessins étant déplacés à d'autres endroits inattendus).

J'achève cette chronique en paraphrasant les dernières lignes (page 47) : « Avec, dès qu'on l'a quitté, cette envie maladive et obsessionnelle d'y revenir. Rien que pour y revenir...». Je les attribue volontiers à l'ouvrage de Rachid Boudjedra !
 

Illustrations de Rachid Koraïchi
Traduction du français vers l'arabe par Hakim Miloud.

Livre reçu et lu à l'occasion de l'opération Libfly/Deux éditeurs se livrent spécial Maghreb avec le partenariat des éditions Barzakh (Algérie) et Actes Sud (France) que je remercie infiniment.