Il y a une chose qui m'énerve particulièrement quand je referme un livre, c'est le goût d'inachevé, d'à peine amorcé. Et je suis d'autant plus énervée lorsque je considère
- qu'il y avait de vraies bonnes idées qui, si elles avaient été correctement exploitées, auraient donné un ensemble consistant efficace et sympa à lire.
- que ce sentiment d'inachevé aurait pu être largement atténué voire amendé avec un minimum de relectures (soit par des lecteurs externes, soit par le comité de lecture de la maison d'édition). Je n'en veux pas à l'auteur qui, dans son processus de création peut ne pas avoir complètement conscience du manque de consistance de son écrit ou du moins ne pas avoir assez de recul, là-dessus. Mais je me demande comment un tel contenu a pu sortir des fourneaux tel quel, sans amendements. Ou alors, la maison d'édition a fait ce qu'elle a pu et ce que je considère comme une ébauche avancée est le meilleur résultat qu'on pouvait obtenir.
Bref vous l'avez compris, Un peu de nuit en plein jour d'Érik L'Homme ne m'a pas complètement emballée et j'en suis sortie très frustrée parce qu'il y avait matière à faire autrement !
Image captée sur le site Babélio |
Un peu de nuit en plein jour narre un univers où la nature est en recul, où les castes humaines sont légions, où les dominants ont le droit de vivre en surface, où un monde foisonnant subsiste en sous-sol, où les combats de rue sont des moyens de subvenir au quotidien, où l'amour existe toujours mais s'achète parfois, où les complots politiques scandent le rythme existentiel.
Dans Un peu de nuit en plein jour, il y a deux héros - un homme, une femme- : Féral, un humain massif au vécu chargé qui s'est trouvé une famille après des errements et souhaite en construire une autre avec Livie, jeune et sémillante guerrière qui accepte l'impossible pour s'acquitter d'une peine. D'eux, on découvre le lien fort qui les unit, leur parcours de vie, la violence aussi.
Si j'avais à faire la promotion de ce roman dystopique je dirais que c'est un des rares livres lus où le défrichage a eu lieu, mais aucun sillon n'a été creusé. Je m'explique :
- je n'ai pas réussi à imaginer les lieux (parce qu'il n'y a pas eu une seule description ; parce que les scènes n'ont pas prêté un temps pour installer l'atmosphère). Je n'ai pas réussi à visualiser les conditions de vie des personnages,
- j'ai eu du mal à discerner le caractère des personnages -ce qui les habite vraiment, leurs motivations, leurs états d'âme- (parce qu'il n'y a eu aucun temps consacré par Érik L'Homme à celà)
- seul, le passé de Féral est à peu près abordé. Le passé du reste de la troupe ou son avenir sont complètement sabordés ; le passé de Livie est à peine effleuré.
- le fil rouge qui guide l'histoire n'a pas non plus une origine écrite : on ne sait pas d'où on vient, on ne sait pas où on va.
- la fin est à l'image du livre : décalée et incohérente, elle tombe comme un cheveu sur la soupe ! J'ai eu le sentiment que l'auteur a voulu également aborder différents procédés littéraires (dystopie, onirisme, roman) en se dispersant beaucoup et sans aller au bout de sa démarche et c'est bien dommage.
Sincèrement, je regrette vraiment toutes mes remarques, parce que je pense sincèrement qu'avec plus d'application, plus de boulot, plus de recul, Un peu de nuit en plein jour aurait pu être une œuvre intéressante, nourrie. L'écriture d'Érik L'Homme est accessible, simple et agréable à lire : il ne se regarde pas écrire, il compose (et ça, c'est intéressant, même si le tout est perfectible). J'aurais tellement aimé apprécier cet écrit qui a de bonnes idées (en référence à La route de Cormac McCarthy pour le côté no man's land, à La servante écarlate de Margaret Atwood pour le côté sociétal même si là, la romancière offre une leçon éclatante à Érik L'Homme de ce que c'est que décrire une société nouvelle). Tout est installé mais tout absolument tout est survolé.
Déçue, je suis.
Éditions Calmann-Lévy
Lu grâce au prêt de mon amie G. qui voulait connaitre mon avis (et qui a eu le même ressenti que le mien)
J'avais écrit dans mon blog "Une belle musique, mais qui, pourtant, n’est pas arrivée jusqu’à mon cœur…" - toi tu dis mieux en parlant de ta déception devant l'inachevé.
RépondreSupprimercela y est, j'ai trouvé ta chronique. J'acquiesce à tout ce que tu as écrit. Bises
SupprimerN'étant déjà pas fan de ce genre, je passe mon tour
RépondreSupprimerJe comprends.
SupprimerAïe, aïe, aïe. Il est dans ma PAl. Je sens qu'il va attendre encore avant que je l'en sorte.
RépondreSupprimerJe serai vraiment ravie de découvrir ton avis dessus.
SupprimerJe commence à saturer un peu devant ce genre de dystopie. En plus avec ton avis, je préfère passer.
RépondreSupprimerAs you want, my dear !
SupprimerJe ne l'avais pas repéré, pourtant le sujet avait de quoi me plaire... tu te doutes que je n'ai pas forcément envie d'aller voir de plus près maintenant.
RépondreSupprimerOui, j'ai un avis tranché qui peut démotiver la lecture, mais je suis aussi honnête.
SupprimerAh oui, on te sent énervé !
RépondreSupprimersurtout quand je sais qu'il y avait une base intéressante, là je ne me retiens plus !!!! J'ai horreur du gâchis.
SupprimerIl faudrait que l'auteur (ou l'éditeur) lise ton billet ! Il saurait qu'il doit revoir sa copie !
RépondreSupprimerBonne semaine.
Je n'ai pas la science infuse et je ne suis qu'amatrice de lectures et non professionnelle de littérature. Dans ma note de lecture, j'ai essayé d'objectiver mes remarques parce qu'elles deviennent moins contestables lorsqu'elles ne sont pas soumises aux sentiments mais uniquement aux faits.
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