Et dire que Le Cid est dû à une décoration mal vécue par un des protagonistes, qui a fichu une pagaille monumentale : franchement, on dit à tort que les femmes sont compliquées, mais au temps de Corneille, les hommes espagnols (puisqu'ici, point de France mais plutôt une belle Castille) ont l'art de mettre de l'embrouille, là où il n'y en a pas besoin !
Don Diègue et Don Gomès sont deux nobles de la cour du premier roi de Castille, Don Fernand, s'apprécient d'autant plus que leur progéniture se découvre tout plein de points communs, (très très communs, on pourrait même dire) : le fils du premier, Rodrigue, est tombé fou amoureux de la fille du second, Chimène (sentiment totalement partagé). Seulement voilà, Don Fernand a anobli davantage Don Diègue pour le remercier de ses nombreux faits d'arme passés et cette nouvelle distinction n'est pas au goût du copain, profondément jaloux, estimant qu'il aurait mérité le titre. Résultat : une grosse empoigne verbale, qui se termine par un soufflet de la part de Don Gomès plus alerte que le père de Rodrigue : ce dernier ne réagit pas à l'infamie, conscient de son état de forme chancelant, le désormais célèbre « Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! » . Et voilà, Rodrigue chargé de réparer la honte de son père et d'imposer un duel à Don Gomès, dont il en sort vainqueur et criminel. Indignité réparée pour Rodrigue (mais au prix de la perte de Chimène), cruauté des faits (Chimène ne peut choisir entre demander vengeance au roi, «réparer» la mort de son père et taire son amour pour le meurtrier de celui-ci: «Après mon père mort, je n'ai point à choisir»), dilemmes cornéliens dans toute leur splendeur ! Mais, pendant ce temps-là, les Mores rôdent : et si c'étaient eux, les tenants et aboutissants du récit ?
Une plume magistrale (vraiment), qui n'a absolument pas perdu de sa fraîcheur, une histoire d'amour universelle, de l'honneur à foison, une musicalité des phrases si belle qu'à chaque moment de ma lecture, j'ai imaginé des slameurs reprendre le texte : peut-être qu'un d'eux l'a déjà produit ? Comment ne pas fondre devant les arabesques et figures littéraires ultra-connues : de la litote de Chimène « Va, je ne te hais point » au modernisme des néologismes de l'époque «Ne soyons plus en peine, Puisqu'aujourd'hui mon père est l'offensé, Si l'offenseur est père de Chimène». La richesse lexicale masque et temporise les longueurs sur la fin : je me serais bien arrêtée à la justification du nom de Le Cid. Mais cinq actes se méritent et ne se détruisent pas : Corneille, aussi moderne pour son époque soit-il, ne pouvait pas tout se permettre, son texte fut déjà largement amendé par Georges de Scudéry, qui lui a reproché, en particulier, le personnage auxiliaire et «inutile» de l'Infante.
En résumé : une très grande œuvre à (re)découvrir.
En résumé : une très grande œuvre à (re)découvrir.
Classiques Larousse
à ma maison
évasion musicale : A la faveur de l'automne - Tété (une chanson sublime, un texte magnifique, un arrangement musical simple et discret : bref que du bonheur ! Je ne m'en lasse pas, j'ai acheté l'album, juste pour cette chanson)
Note personnelle : découverte d'un nouveau challenge chez Adalana, grâce à Catherine, et inscription confirmée : challenge Les naufragés.
Vous avez le choix pour le très beau logo et surtout vous ne vous engagez qu'à un seul livre (idéal pour la tortue-lectrice que je suis mais qui s'améliore)
Je l'étudie avec mes "petits" en ce moment ! Une grande oeuvre à faire découvrir, oui !
RépondreSupprimerComment tes "petits" l'appréhendent ? Je serais vivement intéressée par leurs slams, si certains sont adeptes...
SupprimerOui la beauté de la langue est quelque chose qui peut vous saisir presque physiquement.
RépondreSupprimerOui, en chantant par exemple... ce fut ma grande surprise éprouvée à la relecture de ce texte .
RépondreSupprimer